Non, le racisme n’est pas un délit!

le-racisme-est-un-delit_3832383-L« Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit ! ». La rengaine est connue, enrobée de l’évidence des bonnes consciences qui jalonnent les débats récurrents sur la liberté d’expression. En général, ce rappel incantatoire trouve place dans les boîtes à citations à côté du célèbre « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » de Saint-Just, prononcé en pleine Révolution et qui possède comme lui des accents bien funestes – car le bras qui désigne les ennemis de la liberté est en général celui qui abat la guillotine, rappelant que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Il en va de même pour ce prêt-à-penser commode que constitue notre antienne « le racisme est un délit ». Ce postulat est incorrect et trompeur car il confond ouvertement les idées et la manière de les propager. Il assimile le racisme avec l’appel à la haine – qui lui, en revanche, est en effet pénalement et légitimement réprimé. Ce raccourci propage un climat moralisateur indiquant aux individus ce qu’ils doivent penser. Pour cette raison, il se révèle in fine hautement contre-productif, en opposant une pensée consensuelle et moralisatrice face à des positionnements mêlant antisystème, frustrations diverses et appels à la haine qui trouvent une occasion de se solidariser dans certains discours mêlant adroitement humour et contestation – l’affaire Dieudonné est explicable par cette approche. Sa répétition à l’envi manque durablement la nature véritable des pensées racistes et discriminatoires, et fait perdre la réelle pédagogie qu’il conviendrait d’entretenir, aujourd’hui, sur la propagation des idées racistes et antisémites, avec un succès consternant en dépit de l’existence de législations et d’institutions supposées les combattre. Explication.

En effet, voilà bien tout le problème : non, ni le racisme ni l’antisémitisme ni la xénophobie, en tant qu’idées, ne constituent en eux-mêmes des délits. Pas plus que le culte de l’oignon, l’animisme, la croyance que la terre est plate, ou n’importe quel corpus d’idées politiques, philosophiques ou religieuses, quelle que soit la hiérarchie dans laquelle on les place, quelle que puisse être leur valeur intrinsèque, et aussi absurde, anachronique ou abject puisse être leur contenu. Et ce pour une raison simple : la liberté de conscience est absolue. Chaque être humain est libre de penser ce qu’il veut, et de revendiquer ses idées dans un cadre privé. Ce droit est d’autant plus absolu qu’il est incontrôlable – il n’y a pas, et c’est heureux, de police de la pensée. « Notre entendement est d’une telle nature, écrit Locke en 1689 dans sa célèbre Lettre sur la tolérance, qu’on ne saurait le porter à croire quoi que ce soit par la contrainte. La confiscation des biens, les cachots, les tourments et les supplices, rien de tout cela ne peut altérer ou anéantir le jugement intérieur que nous faisons des choses ». D’autres auteurs s’étant penchés sur la liberté de conscience ont aussi souligné combien ce caractère absolu et incontrôlable de la liberté de conscience se tire de sa nature incontrôlée : on ne devrait d’autant moins être comptable du contenu de ses idées que l’on ne les choisit pas réellement. De Spinoza qui fait du libre-arbitre une illusion, à Schopenhauer qui fait de la liberté humaine une chimère dans son Essai sur le libre-arbitre en passant par Nietzsche qui résumait élégamment le problème en rappelant qu’on ne devrait pas dire « je pense » mais « ça pense », les penseurs de la modernité furent nombreux à explorer cette porosité de la pensée, rassemblée par nécessité – notamment juridique – en cette redoutable fiction qu’est le libre-arbitre.

Le problème réside dans la supposée consistance des convictions : de la même manière que l’état de droit est obligé de présupposer le libre-arbitre pour administrer une société où chacun, sous peine de chaos généralisé, doit être tenu comptable de ses actes, l’espace public de discussion valorise irrésistiblement les discours forts, structurés et consistants, sous peine de réduire le débat public à un brouhaha inextinguible. Or les convictions se forgent, nous apprend Locke, par l’expérience : nous ne faisons que manier des éléments provenant du monde extérieur et leur donner un autre agencement. Nous sommes par nature perméables aux opinions et avis que nous entendons, parce que c’est tout simplement comme cela que nous pensons.

Or, se découvrir comme contingent non seulement au niveau de notre civilisation, mais aussi au niveau de nos idées, cela ne facilite pas le positionnement quotidien. La modernité est en effet le lieu d’un paradoxe en matière de convictions. Ce paradoxe, qui concerne toute prise de position quelle qu’elle soit, de la plus consensuelle à la plus révolutionnaire, peut être énoncé comme suit : il est demandé aux citoyens d’avoir des idées fortes, consistantes – et c’est cela qui est valorisé. En politique, bien entendu, mais aussi dans nos appréciations inconscientes des personnes : nous préférons avoir affaire à des caractères forts, consistants, ne serait-ce que parce que ça nous rassure et que ça limite les risques d’être surpris. Ce sont les idées postulées comme homogènes, après tout, qui sont protégées et garanties par les libertés fondamentales ; ce sont ces mêmes idées postulées comme homogènes qui sont la base de notre droit pénal, puisque le droit pénal requiert non seulement un acte, mais également une intentionnalité qui la pose et la nourrit, un élément intellectuel de l’infraction qui est requis pour qu’on puisse déterminer une véritable responsabilité. Et pourtant, il y a un paradoxe : ce qui forge l’intelligence, sait-on depuis Descartes, c’est précisément le doute et la remise en question. C’est cela qui crée les idées les plus abouties. Ce qui crée les idées propres, ce sont les idées des autres que l’on traite d’une manière un peu différente. Nous nous contaminons en permanence, nous sommes dans un métissage permanent, dont les fils sont difficiles à démêler, mais nous percevons intuitivement les circuits : il n’y a pratiquement pas d’idée originale, ni de sentiment original. Nous ne sommes pas les premiers à tomber amoureux, nous ne sommes pas les premiers à avoir envie d’être communistes à vingt ans et propriétaires à trente, nous ne sommes pas les premiers à nourrir telle idée ou tel sentiment, et comme nous appartenons tous à la même espèce il est logique que certains d’entre nous aient des idées comparables ; et même lorsque ces idées sont réellement inédites elles sont nourries par des flux extérieurs, que nous marions d’une manière éventuellement quelque peu nouvelle. Comme un écrivain qui commence toujours par lire d’autres auteurs, et par les imiter consciemment ou non avant d’écrire avec un style qui lui est propre. Pourtant, ce doute et cette contingence qui constituent le ressort même de la pensée et de la création humaine n’est pas valorisé au quotidien. Si vous débarquez une discussion en affirmant que vous n’êtes pas sûr de ce que vous dites, vous aurez un problème d’audience. Marier le doute dans la conception avec la consistance dans l’expression : tel est le paradoxe moderne.

L’esprit humain est contingent, influençable et potentiellement contaminable par n’importe quelle idée – car c’est ce qui le rend influençable qui lui permet aussi de se construire des opinions fortes ou de créer des œuvres. C’est là qu’entrent en jeu  les lois contre l’appel à la haine: elles n’ont pas pour objet la régulation de la conscience ou l’imposition d’une morale, mais la préservation de l’ordre public. Il n’est pas davantage interdit d’être raciste ou antisémite que d’être idiot. Vous pouvez penser qu’il faut jeter à la mer les Juifs, les Arabes, les Noirs, les Blancs ou les Chinois sans être inquiété. Vous avez même le droit de le dire dans un cadre privé. Ce qui est interdit n’est pas le racisme ou la xénophobie mais l’appel à la haine. Cette distinction est essentielle : c’est en elle que se jouent les polémiques que nous vivons ainsi que l’échec relatif de la lutte contre le racisme. En France[1] comme en Belgique[2], la législation ne s’intéresse pas à ce qu’on pense, mais à ce qu’on exprime dans un cadre public. Est pénalement répréhensible la tenue de propos qui, de près ou de loin, constituent un appel à la haine envers des catégories déterminées (non seulement les étrangers, mais aussi ceux visant l’orientation sexuelle, le genre, le handicap, etc.), c’est-à-dire l’appel à haïr des individus en raison de ce qu’ils sont et non pas en raison de ce qu’ils font. On me répliquera ici : « Vous jouez sur les mots. Si ce qui est défendu stricto sensu n’est pas le racisme mais la diffusion d’idées racistes, cela ne revient-il pas au même ? ». Non justement, cela ne revient pas au même. La pénalisation de l’appel à la haine repose sur deux postulats, en général peu exprimés ou reconnus, mais qui sont passionnants à examiner.

Le premier d’entre eux, dont nous avons mis au jour les prémices ci-dessus, est que l’esprit humain est un objet fragile et dont les idées changent en permanence. C’est un postulat très juste ; il est consubstantiel à la modernité de poser le libre arbitre comme nécessité et en même temps de le remettre en cause en permanence. Les individus ne sont pas des monades mais des esprits ouverts à leur environnement dans les conceptions évoluent au gré du temps et des rencontres – le sociologue Gérald Bronner, dans son ouvrage La pensée extrême (Denoël, Paris, 2009)  a donné à ce phénomène le nom de commensurabilité mentale. Comme nous l’avons vu, il s’agit d’une disposition nécessaire à la création, à l’évolution de toute pensée, et qui n’est pas létale par elle-même.

Le second postulat inhérent aux législations antiracistes, dérivé du premier, est le danger du phénomène de meute, qui peut venir se greffer sur cette disposition humaine de traitement permanent des informations. Une idée haineuse ayant, comme toute autre idée, la faculté de se propager dans un groupe et de constituer un rempart de légitimité diluant normes et valeurs, il y a en effet un danger réel, physique à laisser se diffuser des appels à la haine envers un groupe déterminé : puisque les esprits sont si influençables, il est légitime pour un Etat de protéger les cerveaux de ses citoyens des idées jugées dangereuses. Non par moralisme ou pour promouvoir une vision de la vie sur une autre mais pour protéger physiquement les concitoyens appartenant à des minorités.

En d’autres termes, la législation ne combat aucune idée par elle-même : elle combat l’appel à la haine susceptible, par réaction en chaîne et de meute, de mettre en danger l’intégrité physique d’autrui. C’est cela, et rien d’autre, qui offre à des autorités la légitimité de contrôler la malléabilité de l’espace public face aux discours propageant l’idée qu’un groupe, qu’est qu’il soit, est méprisable par nature. Il ne s’agit pas d’expliquer au citoyen ce qu’il doit penser, mais de le sensibiliser à ne pas se retrouver, un jour, tel le rouage docile de la haine ordinaire, et donc à faire preuve de réflexion afin d’adhérer librement à un comportement par lequel il refusera de faire partie de la meute – la seule méthode efficace puisque basée sur la propre volonté de l’individu. Les cordons sanitaires ne sont pas établis pour enfermer des idées par principe, si nauséabondes soient-elles, mais pour empêcher que leur propagation incontrôlée engendre leur légitimation dans un groupe, et donc pour prévenir un passage à l’acte susceptible de mettre en danger un ou plusieurs êtres humains en raison de leur appartenance à un groupe donné.

Pourquoi est-il si important de rappeler que le délit, ce n’est pas le racisme mais l’incitation à la haine ? Parce que cela donne la mesure du travail à réaliser pour combattre les idées racistes ou antisémites, et celle de l’impasse dans laquelle nous mènent ceux qui se raccrochent comme à un slogan creux à la disqualification du racisme sans réflexion sur ce dont il est le nom. Les législations actuelles sur l’appel à la haine sont équilibrées, car elles préservent largement la liberté d’expression. Mais elles sont aussi, on s’en rend compte, insuffisantes pour faire reculer le racisme lui-même. Cela engendre, en particulier depuis la multiplication des affaires mêlant racisme, liberté d’expression et réseaux sociaux, une surenchère sur les dispositifs à mettre en place pour combattre les idées racistes, en général par le recours commode à l’interdit : interdiction d’ouvrages haineux tels que Mein Kampf hier, interdiction de spectacles aujourd’hui, et demain limitation des accès au web ou à certaines vidéos. Bref, par le recours à une philosophie de censure préalable, considérant que les idées sont semblables à des objets qu’on pourrait enfermer dans des boîtes. Cette politique de protection par retranchement est en réalité à contre-courant d’une modernité axée de manière cardinale autour de la liberté d’expression, en ce compris les idées qui choquent, heurtent ou inquiètent (« la liberté d’expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de « société démocratique », Handyside c. Royaume-Uni, 7 décembre 1976, § 49 CEDH). Il est donc permis de se demander si les opposants aux idées racistes ne se tirent pas une balle dans le pied lorsqu’ils encouragent le renforcement de l’arsenal au détriment de la liberté d’expression. D’abord parce qu’à l’ère du web et des réseaux sociaux, de tels interdits sont aisément contournés et ne font qu’offrir aux objets interdits l’aura sulfureux et séducteur de la transgression. Ensuite, et surtout, parce que foncer dans cette surenchère revient à éluder le problème de fond : les idées de replis séduisent parce qu’elles désignent un bouc émissaire responsable de tous les maux. La haine, en effet, n’est jamais promue par elle-même. Il n’y a aucune haine sans prétexte, sans motif allégué. Il y a toujours une raison présentée comme « bonne »  pour haïr l’autre. Une raison qui fait de cette haine un outil légitime de lutte pour la survie, une dialectique opposant des minorités opprimées à un « système ». Il y a donc toujours un mécanisme rationnel à l’oeuvre : c’est pour cela que la confrontation est non seulement possible mais nécessaire.

Il ne fait nul doute, en effet, qu’une lutte contre les idées de haine doive être maintenue et même intensifiée. C’est donc au niveau de la méthode que le débat se pose et que les polémiques actuelles nous invitent à choisir entre les deux branches d’un carrefour. Les lois interdisant les appels à la haine sont essentielles, mais moins pour le message qu’elles envoient à la société que pour leur efficacité performative ; la force des lois contre le racisme réside davantage dans ce qu’elles prescrivent que dans ce qu’elles proscrivent. Les lois antiracistes et antinégationnistes existent d’abord pour l’exemple, pour manifester le danger que recèlent l’appel à la haine ou la négation du génocide des Juifs si leur répétition venait à les rendre légitimes. Mais lorsque l’application de la loi conduit à réduire la liberté d’expression par voie de censure, la victoire n’a-t-elle pas un goût amer ? Le principe de l’interdiction repose sur le postulat que les esprits sont faibles et influençables, comme nous l’avons vu ; mais il repose aussi sur l’idée que ces esprits resteront faibles. Tel est l’écueil de la législation antiraciste qu’un dossier comme celui de Dieudonné vient éprouver, et telle est surtout la mesure du renoncement actuel : interdire revient à renoncer à travailler sur les esprits, c’est-à-dire à ce que les citoyens réalisent par eux-mêmes un travail intérieur qui les amènera à se détourner de toute parole d’incitation à la haine. Préférer la confrontation des idées à l’interdiction, en revanche, permettrait de ne pas rester à la surface des choses, et de travailler positivement sur les esprits. S’il n’y a nulle haine sans raison alléguée, cela signifie qu’il est possible de combattre des idées par la raison – même des idées de haine. Il s’agirait, dès lors, d’œuvrer à une intelligence de type kantienne, par laquelle tout homme ou femme recevrait les outils pour se doter par lui-même de sa propre loi autonome (son propre « impératif catégorique », aurait dit le citoyen de Königsberg). Comment ? Par le biais d’un effort de décentrement le poussant à se mettre à la place d’autrui et de s’interroger sur l’universalisation de son comportement – seule manière d’abandonner le rapport de forces constant auquel, au contraire, l’interdit ramène.  Nous en sommes loin : les démarches d’interdit ne servent qu’à sanctifier le rapport de forces, à faire revêtir les législations antiracistes tour à tour des oripeaux de réglementations liberticides, moralisatrices ou d’expression de la majorité sur les minorités opprimées, et alimentent les discours de haine en leur offrant la légitimité d’une parole qui s’oppose, transgresse, dérange et désacralise. Ce climat fait donc le succès de quelques véritables prédicateurs racistes, xénophobes ou antisémites en solidarisant les discours antisystèmes aux discours de haine – c’est cela, aussi, dont l’affaire Dieudonné est le symptôme.

Que faire, dès lors, si on renonce à la démarche de l’interdiction et de la mise sous cloche des idées dangereuses ? Les combattre en pleine lumière. Préférer la technique du vaccin et non celle du cordon sanitaire. Rendre les esprits intelligents et non les enfermer dans des postures.

Dans le cas de Dieudonné, montrer qu’il s’agit d’un business construit avec talent sur les envies d’un public.

Dans le cas des partis extrémistes, renoncer au cordon sanitaire, débattre avec eux pour montrer sans crainte leurs carences, insuffisances et errements (cas pratique en France : le programme économique du Front National).

Dans le cas des publications de haine, plutôt que d’interdire sans efficacité Mein Kampf ou les pamphlets antisémites de Céline, les lire pour les décortiquer, en montrer la mécanique et les détruire sur le fond, inlassablement, en faisant d’eux les fossiles de la haine à exposer en exemples, au lieu d’en faire des objets cachés fleurant bon le souffre et la séduction.

En un mot, en effet, prendre position dans le difficile débat philosophique qu’est celui de la liberté d’expression aujourd’hui peut se résumer comme ceci : faut-il combattre les idées nauséabondes avec des interdits ou avec d’autres idées ?

Si nous choisissons la première alternative, nous ne ferons gagner qu’un peu de répit sur les digues que le balancier du temps et de la transgression finiront toujours par renverser.

Si nous choisissons la seconde, nous travaillerons sur les hommes eux-mêmes, en les prenant comme des intelligences aptes à se rendre compte par elles-mêmes du chaos auquel la haine nous mène. Plus fastidieux et moins spectaculaire que de cloisonner les idées de haine dans des enclos… tout comme il est plus laborieux d’apprendre à un homme à pêcher que de lui donner un poisson par jour.

Sur le même sujet:

Dieudonné et le triomphe du vide

Taubira et l’opportune banane du consensus

L’impasse moralisatrice de la lutte contre le racisme

Durban, quand sonna le glas du racisme ordinaire


[1] En France il s’agit essentiellement de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et la liberté d’expression, complétée par la loi n°72-546 du 1er juillet 1972 créant le délit de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en  raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

[2] En Belgique il s’agit essentiellement de la loi « Moureaux » du 30 juillet 1981 complétée par les dispositions antidiscrimnatoires de 2003.



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18 réponses

  1. Indirectement un beau plaidoyer en faveur de l’éducation populaire. Nous en avons en France l’intitulé d’un ministère, il ne manque plus qu’une véritable politique !

  2. Certes, il est nécessaire de rendre les « intelligences aptes à se rendre compte par elles-mêmes du chaos auquel la haine nous mène ». Mais je crains que ce soit difficile car « l’esprit humain est contingent, influençable et potentiellement contaminable par n’importe quelle idée », a fortiori si elle a une forte charge émotionnelle et qu’elle est bien ancrée à l’âge adulte. Il me semble donc que c’est surtout dès l’école qu’il importe de développer préventivement l’esprit critique à tous égard, le respect de la différence de l’autre, etc., même si cela n’aura d’effets que des années ou une génération plus tard.
    Hélas, la morale laïque, qui vise à développer notamment l’autonomie de la conscience et la responsabilité individuelle, n’atteint actuellement qu’une infime minorité d’enfants, la majorité étant sous la coupe de morales inspirées par les religions, lesquelles imposent, à des degrés divers, la soumission à des « commandements », et qui sont toutes à l’origine de l’intolérance, du communautarisme et des violences qui en résultent depuis toujours et partout. Mais ce n’est là que mon interprétation …
    Michel THYS

  3. 1. Si je vous lis bien, un juif n’est jamais coupable d’incitation à la haine ? seul un juif a le droit de critiquer un juif sinon il s’agit d’incitation à la haine ? etc. Si dieudonné avait été juif, en tenant le même discours et en faisant la même quenelle, l’auriez-vous accusé d’antisémitisme ? est-ce les propos ou la personne que l’on poursuit ? permettez-moi de poser la question, je cherche à comprendre ce besoin hystérique et pavlovien de bâillonner un quenelleur qui n’a tué ni menacé personne.

    2.  » Comment faut-il combattre les idées nauséabondes  » ? Pratiquer une circoncision sur un enfant, je trouve çà ignoble et pourtant… Quels sont les critères objectifs pour qualifier une idée de  » nauséabonde » à part la judaïté de la cible, bien évidemment ?

    En conclusion : si je peux comprendre votre indignation, je la trouve honteusement sélective ! d’autres que dieudonné pourraient subir les mêmes critiques pour les mêmes méfaits mais ce que vous qualifiez d’ idées nauséabondes dans le chef de dieudonné devient soudainement  » moralement défendable ou acceptable » chez les autres car culturellement acquis ?! ce deux poids deux mesures devient insupportable, 60 ans après la shoah, non ?

  4. Le racisme est une attitude névrotique. Interdire le racisme équivaut à interdire les furoncles mal placés et à poursuiver ceux qui en ont et que ça rend de mauvaise humeur. Et si on onterdit les « incitations à la haine », il faudrait aussi, en bonne logique, interdire les incitations à l’amour, qui est son contraire…
    Mais tout ça ne sont que des incantations magiques, qui ouvrent la voie à un contrôle policier des comportements…c’est à dire un dictature de type nazi, puisque même les Soviétiques n’ont pas été jusque là…

  5.  » Dieudonné, el humorista que Francia quiere callar  » – BBC – 14 janvier 2014

    http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2014/01/140113_comediante_dieudonne_antisemita_francia_amv.shtml?ocid=socialflow_twitter_mundo

    Voilà le monde hispanique dûment informé de la politique de François Hollande et du peuple qui l’a élu démocratiquement.

    On se sent déjà mieux en Belgique à l’approche des prochaines élections, n’est-ce pas ? Et dire que l’on craint la NVA ! comparé au PS français, comment dire sans heurter nos chers socialos épris de libertés populaires à sens unique ?

    • Oui, Dieudonné a été censuré par un gouvernement socialiste 😉

      Après la chute de l’URSS, comment peut-on encore exhiber le terme  » socialiste » en Occident soi-disant démocratique ?! cela me dépasse. Comme un conseil d’Etat qui censure en supposant que l’antisémitisme est ipso facto un trouble à l’ordre public. C’était pareil en URSS : tout était possible au nom de la sécurité publique…

  6. A reblogué ceci sur Bloggo ergo cogito et sumet a ajouté:
    Voilà un très bon billet de blog qui met certains points sur les « i », à commencer par la distinction entre la haine et l’appel à la haine, mais aussi les actes et les opinions, et enfin, sur le choix des armes pour combattre les idées destructrices et « nauséabondes »: le débat, pour contrer, pied à pied, ces idées/opinions, ou la censure et l’interdiction légale.

    Vous pouvez vous douter que si j’adhère à ce texte, c’est en grande partie parce qu’il exprime, souvent plus éloquemment que je ne l’ai fait, ma conviction que ces lois contre l’incitation à la haine constituent finalement une forme de renoncement et de démission démocratique face aux citoyens qui expriment des idées problématiques. Sa conclusion énonce assez bien ma position actuelle:

    « Si nous choisissons la première alternative (la censure et l’interdiction des incitations à la haine), nous ne ferons gagner qu’un peu de répit sur les digues que le balancier du temps et de la transgression finiront toujours par renverser.

    Si nous choisissons la seconde (le débat public), nous travaillerons sur les hommes eux-mêmes, en les prenant comme des intelligences aptes à se rendre compte par elles-mêmes du chaos auquel la haine nous mène. Plus fastidieux et moins spectaculaire que de cloisonner les idées de haine dans des enclos… tout comme il est plus laborieux d’apprendre à un homme à pêcher que de lui donner un poisson par jour. »

    A entendre certains, on a l’impression que la démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui serait si ancienne et la culture du débat tellement profondément enracinée dans les mentalités de nos concitoyens, qu’il ne serait plus excusable que certains d’entre eux puissent encore exprimer des idées aussi absurdes et destructrices, ce qui justifierait la nécessité de les punir. D’où la nécessité de ces lois, si le débat ne suffit plus à circonvenir ces idées. Or, la démocratie moderne a véritablement moins de 200 ans et le sport de combat intellectuel qu’est le débat est loin d’avoir vraiment pris sa place parmi la panoplie des moyens de discussions dans l’espace public. La plupart des gens conçoivent le débat comme un ring de boxe dans lequel l’important est de mettre son adversaire K.O., par tous les moyens, même les plus déloyaux, tels que la diffamation ou la calomnie, ou les plus vicieux, comme le harcèlement et la déstabilisation verbale. Dans ce cadre, les lois contre l’incitation à la haine sont comprises comme un moyen légal supplémentaire pour réduire l’autre au silence. Et à entendre certains de leurs partisans, c’est bien à cela que serviraient ces lois.

    Cela dit, l’auteur ne semble pas dénoncer les lois contre l’incitation à la haine raciale, qu’il estime justifiées pour ce qu’elles signalent en grosses lettres le risque impliqué par la faiblesse de l’esprit humain et la facilité avec laquelle il est possible de pousser les gens à adhérer à des idées simplistes et potentiellement dangereuses, ce qui les rend alors susceptibles de se laisser entraîner par la foule, si celle-ci devait se constituer. Il s’agit d’indiquer aux gens une limite claire et nette à ne pas dépasser dans l’abjection. Si je peux suivre cette ligne de raisonnement et le comprend assez bien, il me semble que cela ne résout pas le problème de l’arbitraire du tracé de cette limite et dans la tentation, très forte, que souligne l’auteur, d’en faire un outil de lissage de l’espace public par crainte des divisions que ce genre de débat pourrait générer.

    Or, cette peur de la division me sembler renvoyer à une idée de la démocratie qui peut sembler idyllique à première vue, mais ne l’est pas vraiment, soit, une démocratie où tout le monde il est gentil avec tout le monde, où tout le monde il est d’accord avec tout le monde et où tout le monde ne fait qu’un avec tout le monde. Or, ce n’est pas de la démocratie, mais plutôt « Le meilleur des mondes ». La démocratie, ce n’est pas la négation des dissensions et des désaccords, même vifs et durables. C’est un moyen de gérer ces occasions de frictions en respectant les droits fondamentaux des uns et des autres. Faire taire une partie de la population au prétexte que leurs idées pourraient potentiellement mener à des actes destructeurs (mais à condition que toutes les autres structures de la société se désagrègent, ce qui n’est pas exactement pour demain non plus) ou simplement parce qu’elles écorchent la sensibilité ou la susceptibilité des autres ne me paraît pas la bonne méthode pour maintenir la démocratie.

  7. La seconde solution, la seule à mon goût, prendra bien du temps … ne tardons plus, commençons !

  8. Ce qui me semble échapper à vos considérations sur la meute et qui, dans l’affaire Valls, Crif et al (il n’y a pas d’affaire Dieudonné), est tout de même essentiel, c’est que la meute était du côté du pouvoir – chef d’état, ministres, journalistes, intellectuels etc. Avec appels à troubler l’ordre public lancés par un juge du Conseil d’Etat. J’ai d’ailleurs cru trouver une bonne phrase tout de même dans votre texte, enfin un bout de phrase : « les démarches d’interdit ne servent qu’à sanctifier le rapport de forces ». Mais j’aurais plutôt écrit « ne cherchent qu’à » plutôt que « ne servent qu’à ».

    Par contre « travailler positivement sur les esprits » : là, vous semblez travailler de haut. Revenez-nous ! Mais supposons que votre formule ait un sens et considérons un instant que Dieudonné « travaille positivement sur les esprits ». Ça respire tout de suite mieux, n’est-ce pas ?

  9. Décidément, le débat d’idée est pollué par Dieudonné, qui deviendrait le nouveau » Dreyfus » ou nous pousserait au « point Godwin » des années 2013….Ce serait lui faire trop d’honneur ….alors, je laisse retomber le lait des faux tumultes.Il suffit de lever le couvercle et réduire le feu…Mais, le WEB se nourrit des feux et des couvercles…

    • « Décidément, le débat d’idée est pollué par Dieudonné » ? Je vous laisse votre idée de pollution mais de toute façon, vous me semblez ne pas en situer la source, qui n’est pas Dieudonné. Peut-il quelque chose à l’inintelligence de ceux qui prétendent au débat d’idées mais en meute, au débat d’idées bien renfermées, bien convenues, bien consensuelles, et qui se font les disciples de Maître Basile (et son « puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription ») ?

      • @Shakuhachi : j’ai la même désagréable sensation. Que ce Dieudonné bashing est de mauvais augure. Non, Dieudonné n’est pas un saint, c’était simplement un idiot exhibitionniste. On a utilisé des missiles pour éliminer un moustique, c’est dire le besoin de répression dans les coulisses. Pourquoi ? de quoi aurait-on peur ? quel est donc ce danger qui plâne sur les Juifs en France pour que le gouvernement éprouve le besoin de sortir les missiles à l’égard d’un métisse à l’accent parigot et à l’humour douteux ? Dieudonné serait-il l’arbre qui cache la forêt ? si oui, comment va-t-on décimer la forêt ? en augmentant le chômage et en supprimant les fameux droits sociaux ? Eh oui, un nuage noir plâne au-dessus des Français. Tout çà au nom de la shoah ! easy. 🙂

  10. Bonjour. Je me suis abonn votre blog. Oui, je souscrit votre raisonnement. Il serait mieux d’expliquer plutt que de culpabiliser. Connaissez vous la srie 3 minutes pour comprendre . ditions Le courrier du livre Nous sommes littralement submergs de courriels. Vos articles sont assez longs.

    Que pensez-vous de scinder vos articles en deux Vous exposer vos ides de manire concise Vous dveloppez votre raisonnement

    Merci pour vos interventions Lon

  11. J’approuve tout simplement à 100 %. Pénaliser la pensée aurait autant de sens que de pénaliser… un virus hivernal par exemple. Je ne peux m’empêcher de penser à cette initiative malheureuse, http://www.wipe.be/, dont l’objectif si j’ai bien compris est d’épingler les propos racistes ou haineux. La haine de la haine, programme insoluble.

  12. il est assez amusant de constater comment la mise en question – intéressante – d’un cliché (« le racisme est un délit ») en entraîne en conclusion un autre (« Apprendre à un homme à pêcher ») : une façon de renforcer cette idée que la pauvreté serait due à l’incapacité de cet « homme » de pêcher, et non (par exemple) à la raréfaction des poissons ou à l’appropriation des océans… Juste pour confirmer que ces phrases répétées sans réflexion servent à assécher la pensée… mais qu’il n’est pas facile de s’en débarrasser

  13. Les droits de pensée, de conscience et de religion, ce dernier droit vu comme le droit de changer de religion, sont absolus et ne souffrent d’aucune dérogation ni exception. Par contre, dès lors que la pensée, la conscience et la religion s’expriment, cette expression / manifestation n’est plus absolue. On n’est plus dans les droits de pensée et de conscience mais dans la liberté d’expression; et on est dans la liberté religieuse dans son pendant « expression ».

    Une discussion privée, avec peu de monde, impliquant des propos racistes n’est pas susceptible d’action pénale, il manque le caractère « public » prévu à l’article 444 du Code pénal (réunions ou lieux publics; ou présence de plusieurs personnes dans un lieu non public mais ouvert à un certain nombre de personnes…).

    Donc, la pensée raciste n’est pas un délit de même que le culte de l’oignon. Par contre, la pensée raciste qui quitte la tête et s’exprime, est susceptible de constituer un délit dès lors qu’elle est exprimée en public…(idem pour les « écrits non rendus publics, mais adressés ou communiqués à plusieurs personnes).

  14. Faut dire qu’aujourd’hui on qualifie tout et n’importe quoi de racisme… Que les gens qui dénoncent un pseudo racisme retourne à l’époque ou l’on tabassait les gens d’autre couleur dès qu’ils l’ouvraient et qu’on les faisaient travailler sans rémunération, et qu’on leur mettait de l’acide sur la peau pour les blanchir et là ils verront ce qu’est le vrai racisme. Aujourd’hui dans les fait le seul racisme qu’il reste c’est celui du conflit Israel VS Palestine.

Rétroliens

  1. Au fil des débats #10 | Non, le racisme n’est pas un délit! | Bloggo ergo cogito et sum

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