Rentrée politique de DéFI – 10 septembre 2023


Chers amis,

Quel bonheur de vous retrouver lors de cette rentrée politique. Une rentrée qui sonne comme le coup d’envoi d’un très grand marathon jusqu’au scrutin de 2024. Un scrutin capital pour l’avenir de notre pays et de nos Régions.

J’ai souhaité donner la parole à des voix qu’on entend moins parce qu’elles sont jeunes ou arrivées récemment chez DéFI.

Je les remercie parce qu’ils ont exprimé nos idées de manière claire et forte. Et ils ont ensemble donné un message clair: nous sommes prêts. Voici deux ans que nous avons commencé à mettre en ordre nos idées, que nous avons travaillé sur notre programme, que nous avons débattu entre nous, parfois même avec énergie. Et nous avons aujourd’hui un programme clair, en cinq axes. Il est à votre disposition. Avec votre aide, avec votre soutien, nous allons, dans les semaines et les mois qui viennent, amener ces engagements auprès des citoyens. Partout, dans les rues, dans les médias, dans les rencontres directes.

Et nos priorités, en ces temps troublés, elles se résument en une idée. Il est temps de mettre de l’ordre au sein de notre Etat fédéral, de nos Régions et de notre Fédération Wallonie-Bruxelles. Et il est temps de retrouver le sens de l’Etat. De réaffirmer son autorité. Et de le renforcer.

L’actualité de la législature est édifiante. Qu’il s’agisse de la pandémie, de la non-gestion de la crise de l’asile, du poids sans précédent des narcotrafiquants, de la crise de l’énergie, du manque de stratégie nucléaire, de l’inaction climatique, de l’incapacité à réformer la fiscalité ou les pensions, ou encore de l’intimidation subie par des pays comme l’Iran, il y a un seul point commun: la faiblesse de notre Etat.

Cette faiblesse régalienne, la Vivaldi en incarne le paroxysme, même si elle en bout de chaîne d’une dégradation qui date d’une décennie. Rarement on a vu une coalition aussi erratique avec un leadership aussi faible. Rarement on a vu un Premier ministre avec aussi peu de pouvoir, jouet des caprices de ses présidents de parti. Il faut se rendre à l’évidence: la Vivaldi, à laquelle nous avions voté la confiance, est une succession d’échecs causés par le poids de quelques présidents qui ne pensent qu’à leur intérêt et non à celui du pays. L’échec de la réforme fiscale, par exemple, ce n’est que cela. En théorie, dans le pays du monde où le travail est le plus taxé, et dans un pays aussi dur à gouverner que la Belgique, lorsqu’on a une occasion d’alléger les charges sur le travail, on la saisit, sinon on est irresponsable.

Mais plus largement, cet État, cela fait des dizaines d’années qu’il s’affaiblit, par simple manque de courage. Il est temps que cela cesse. La prochaine législature doit être régalienne. Elle doit se consacrer à la remise en ordre de l’Etat, au sens large. Sans cela nous n’arriverons à relever ni le défi de la sécurité, ni celui du contrat social, ni celui du climat, ni celui du redressement économique et du taux d’emploi.

Nous devons remettre notre démocratie en ordre. Parce qu’à côté de cet Etat faible, nous vivons une décennie de tous les dangers. A cause de la montée des populismes de droite comme de gauche, qui n’ont jamais été aussi puissants depuis les années 30. Un nombre de plus en plus grand de démocraties européennes et du monde basculent à l’extrême droite. Rendez-vous compte que plus personne ne peut être sûr que Trump ne sera pas réélu en 2024 ou que Marine le Pen ne finira pas par passer en 2027.

Un Etat faible c’est aussi un Etat incapable d’affronter le réchauffement climatique. Chacun aura constaté que ce mois de septembre est anormalement chaud. Comment imaginer sérieusement, par exemple, déployer une stratégie nucléaire sur 20 ans si vous n’avez un État un tant soit peu solide ? Comment isole-t-on tout le bâti en 30 ans sans des régions fortes et stables ?

Vous connaissez tous cette citation: “Il y a des décennies où rien ne se passe; et il y a des semaines où des décennies se produisent”. Nous sommes, chers amis, dans l’une de ces périodes où l’histoire s’accélère et détermine l’avenir. Je pense très sérieusement que la décennie que nous vivons est en train de dessiner l’avenir du siècle entier. Seuls les pays qui renforcent leur démocratie, leur économie et leurs forces vives pourront traverser les enjeux qui nous attendent.

Et chez nous, il est flagrant que notre Etat et nos Régions sont malades. Notre démocratie est fragilisée.

Cela a deux implications : un, réparer notre Etat fédéral, en particulier la police et la justice. Deux, assainir et simplifier les entités francophones.

Réparer notre Etat fédéral c’est réinstaurer l’autorité de l’Etat. Aujourd’hui, la première menace qui pèse sur nos démocraties c’est le pouvoir des trafiquants de drogue. Et malheureusement; le simple fait que les narcotraficants aient choisi notre pays est indicatif en soi: les organisations criminelles du marché de la drogue ne s’attaquent qu’aux Etats les plus faibles. Un État où par exemple à Bruxelles il manque 20 magistrats, où les gares sont laissées à l’abandon et où la police n’est plus capable de payer ses factures.

Réparer l’Etat c’est en faire un État pleinement respecté et renforcé dans ses matières régaliennes. Un Etat dont, bien entendu, on ne scinde ni la justice ni la police mais où l’on renforce ces dernières, financièrement et organisationnellement. Cela signifie faire de la justice une priorité et mettre sur pied un parquet financier pour poursuivre la grande criminalité financière. Cela veut dire déclarer la guerre aux trafiquants de drogue pour enrayer la transformation en cours de notre pays en narco-Etat. Cela veut dire réinstaurer une police de proximité et placer des moyens nouveaux dans les forces de police, d’une manière plus juste, notamment en cessant de fragiliser des grandes zones comme Bruxelles.

Cela veut dire aussi remettre l’Etat fédéral dans les clous budgétaires. Il faudra donc mieux gérer la dette fédérale. Boucler une véritable réforme fiscale. Enfin réformer les pensions, qui ne sont tout simplement pas payables à moyen terme.

Il est temps aussi d’assainir nos entités fédérées.

En 2009, le politologue flamand Bart Maddens a émis une série de considérations connues depuis lors sous le nom de “doctrine Maddens”, et qui tablent sur l’idée que l’indépendance flamande adviendra par la combinaison de trois facteurs: le renforcement de tous les institutions flamandes, y compris dans l’empiètement de compétences ; l’assèchement de l’Etat fédéral; et le pari de la mauvaise gestion des entités fédérées francophones. Plutôt que de se poser en perpétuels demandeurs, estime la doctrine Maddens, les Flamands n’ont qu’à attendre. Attendre que les Francophones soient eux-mêmes demandeurs de réformes supplémentaires en raison de leur incapacité à redresser leurs régions et à en assurer une saine gestion financière.

Chaque francophone qui vient dire aujourd’hui qu’il faut à la Wallonie ou à Bruxelles de nouvelles compétences fédérales met en application la doctrine Maddens.

Chaque francophone qui vient expliquer qu’il faut éponger les déficits des régions grâce à de l’argent fédéral à négocier fait le jeu des nationalistes flamands.

Et chaque francophone qui vient expliquer que son rêve est de gouverner avec la N-VA, comme l’a fait M. Bouchez hier, fait aussi le jeu de la doctrine Maddens.

Ceux qui veulent vraiment que ce pays survive doivent de toute urgence arrêter ce discours destructeur. Ceux qui veulent que ce pays aie un avenir doivent faire deux choses: un, renforcer l’Etat fédéral, sur les matières régaliennes qu’il faut refinancer, et sur la sécurité d’existence, qu’il faut refédéraliser, comme nous le proposons. Deux, assainir enfin durablement la Région wallonne, la Région bruxelloise et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La dette cumulée des entités francophones atteindra 50 milliards en 2025. C’est un chiffre vertigineux, insupportable. Qui nous fragilise sur le plan institutionnel, car ces chiffres amènent la tentation d’être demandeurs de perpétuels refinancements. Des déficits et une dette sur lesquels les Francophones ont pleinement la responsabilité d’agir.

Il faut le dire clairement: nous ne pouvons plus continuer comme ça.

Nous ne pouvons tout simplement plus continuer avec un Etat fédéral ou des entités fédérées qui n’empruntent plus seulement pour investir, ce qui ne poserait pas de problème, mais pour fonctionner au jour le jour. La question des déficits publics n’est jamais populaire: il est très difficile pour tout parti politique de faire campagne sur ce sujet, parce que cela demande par définition de parler d’efforts ou de restrictions. C’est plus facile de promettre des cadeaux, des exonérations fiscales et des services publics gratuits un peu partout.

Mais être un politique responsable, ce n’est pas céder à la facilité, c’est dire la vérité. Le temps de l’argent gratuit fourni par des taux très bas voire négatifs est derrière nous. Les taux remontent sensiblement, faisant grimper les charges d’endettement et réduisant encore les marges de manœuvre.

Et il faut pouvoir tenir ce langage de vérité: sans une réforme importante des administrations et des institutions, de ses recettes comme de ses dépenses, les institutions francophones s’avancent vers une dette ingérable, par le seul effet “boule de neige” de ses charges d’intérêts.

Cela veut dire que continuer à promettre un certain nombre de “gratuités” nouvelles, notamment dans les transports publics, n’est plus tenable. Rien n’est jamais “gratuit”, c’est toujours le contribuable qui paie. La vraie question est : doit-on faire payer la gratuité des usagers d’aujourd’hui par les générations suivantes ?

Cela veut dire qu’un certain nombre de rationalisations seront nécessaires.

Que celles et ceux qui veulent vraiment ce pays assainissent nos Régions plutôt que de se mettre déjà en situation de démanteler encore plus l’Etat fédéral pour trente deniers, qui seront par ailleurs bien vite dépensés.

Chers amis,

J’ai aussi voulu que des voix nouvelles s’expriment pour montrer notre diversité. Cela montre la force de la jeunesse qui est chez nous. Et qui va arpenter le terrain dans les prochains mois.

C’est à cette jeunesse que nous devons nous adresser. Cette jeunesse qui en est réduite à nous faire la morale parce qu’elle constate avec désarroi le monde qui lui est laissé.

Si nous souhaitons réparer l’Etat aujourd’hui, c’est pour les prochaines générations.

Cette jeunesse, je veux lui dire que nous nous battrons pour que vous n’héritiez pas d’une dette. Ni d’une dette budgétaire, ni d’une dette écologique.

Au cours de cette législature, ceci m’est apparu comme une évidence: les années que nous vivons nous montrent les limites d’un temps présent et passé qui phagocyte l’avenir. D’un présent qui vit aux crochets des générations futures via la dette budgétaire et le non règlement des pensions. D’une société qui a détruit en grande partie le climat en envoyant dans l’atmosphère le carbone ayant permis deux siècles de croissance industrielle – et, soyons complets, l’essentiel de notre politique d’Etat-providence. Qui a épuisé les ressources fossiles sans avoir suffisamment préparé un monde où la croissance ne pourra tout simplement plus signifier la même chose. Un présent qui a pris une dette sur l’avenir et agit, qui gouverne comme si demain n’existait pas.

C’est aujourd’hui ma principale motivation en politique: comment réparer l’Etat, réparer la gouvernance afin de diminuer cette emprise immorale et injuste d’un présent égoïste sur les prochaines générations ? Comment parvenir à en faire un objet politique dans un modèle démocratique qui non seulement est en crise de fatigue, mais est structurellement axé sur le court terme et sur la prochaine élection – non sur les prochaines générations ?

Il s’agit de rendre l’espoir aux jeunes générations, et aux jeunes qui veulent se lancer en politique, auxquels je ne parviens pas à me résoudre à abandonner une planète brûlée et des caisses vides pour affronter l’avenir. Il n’est pas tolérable que nous laissions aux jeunes générations une planète et un pays criblés de dettes financières et écologiques. Les “anciens” ne sont individuellement pas responsables : nous payons un monde industriel de 200 années qui n’a jamais par lui-même imaginé la possibilité de sa fin, et qui n’est, à ce jour, toujours pas apte à intégrer l’idée que la croissance sur laquelle se construisent toutes ses politiques pourrait disparaître.

Néanmoins, nous deviendrons responsables si nous n’agissons pas fortement et rapidement. Il n’est pas tolérable que nous nous contentions de dire aux plus jeunes que, en raison de deux cent années de monde industriel, ils hériteront d’une planète avec deux degrés de plus, d’un climat déréglé, des matières premières qui vont se raréfier, et des dettes publiques impayables qui les amèneront à travailler jusqu’à 70 ans, voire davantage.

Nous avons dix années décisives devant nous, et nous devons en utiliser chaque seconde.

Cela signifie oser prendre des décisions difficiles. Et oser réparer l’Etat: son autorité, son rôle d’État-Providence, son rôle stratège en matière énergétique.

Car oui, la décennie que nous vivons est décisive.

C’est le cas sur le climat, assurément, puisque les choix que nous devons poser – ou non – influenceront des dizaines d’années et les générations à suivre.

C’est le cas sur le terrain économique et social: si nous continuons à gérer et dépenser comme si demain n’existait pas, nous allons droit dans le mur.

Je refuse de ne laisser que des dettes aux générations qui nous suivront.

Je refuse l’apathie actuelle du monde politique, qui n’est concentrée que sur les prochaines élections et non sur les prochaines générations.

Le rôle d’un parti comme DéFI est de dire la vérité, de garder la tête froide et de préparer l’avenir, celui des prochaines générations -, et non pas juste la prochaine élection.

Je n’en peux plus de la faiblesse de ce pays. Je n’en peux plus que le monde politique gouverne comme si demain n’existait pas. Comme si les intérêts de la dette publique ne devaient jamais être payés. Comme si les pensions pouvaient se financer par de l’argent magique. Comme si la notion même de croissance n’allait pas complètement se modifier à cause de l’épuisement des matières fossiles.

Je n’en peux plus de cette gouvernance à l’emporte-pièce où les subventions facultatives se multiplient, et où la police n’est plus capable de payer ses factures.

Je n’en peux plus que notre pays soit si faible qu’il ait été choisi comme cible par les narcotrafiquants, qui sont en train de s’y installer quartier par quartier.

Je n’en peux plus que notre pays soit si faible qu’une dictature théocratique comme l’Iran puisse se permettre d’enlever l’un de nos propres ressortissants pour l’échanger contre un terroriste, et recevoir ensuite comme si de rien n’était des visas diplomatiques délivrés sans discernement ni remords.

Il faut en finir avec ce cercle vicieux mortifère.

Il est temps de penser réellement aux générations futures. De donner sens à l’avenir.

Les citoyens ne demandent pas un Etat confédéral, ils demandent un Etat qui protège leurs enfants des narcotrafiquants.

Les citoyens ne demandent pas qu’on divise la santé ou la justice, ils demandent que police, justice et sécurité sociale soient efficaces.

Les citoyens ne demandent pas des panels citoyens; ils veulent des élus qui font le job, qui gèrent l’argent public avec rigueur et qui osent prendre des décisions.

Les citoyens ne demandent pas aux femmes et aux hommes politiques de tout régler; ils leur demandent d’avoir les moyens de vivre leur vie dans des conditions dignes, d’entreprendre et de créer.

Tous ensemble, allons convaincre qu’il y a des femmes et des hommes qui ont une haute vision de la politique et du service au citoyen – et ces hommes et ces femmes se trouvent chez DéFI. Continuons à être ce que nous sommes depuis bientôt 60 ans: le supplément d’âme de la politique belge, son poil à gratter, inclassable, combatif, déterminé et décisif.

Et ce pays, nos régions ont besoin aujourd’hui de nous pour les remettre sur les rails. Il nous faut cesser de détruire l’Etat et au contraire le renforcer, pour aujourd’hui comme pour demain.

Il est temps, chers amis, de rendre de l’espoir aux générations futures. Il est temps, pour elles comme pour nous, de réparer ce pays, nos Régions et notre Fédération. Et c’est ce que, tous ensemble, nous allons faire.

Bonne rentrée à tous!



Catégories :DéFI

1 réponse

  1. Brillant comme souvent…!Comment réaliser cela….?….Avec certainement une prise de responsabilité…that’s the question…mais certainement pas avec nos responsables actuels issues de 30 ans de copinage….Pour cela il vous faudrait aussi un Défi en Flandre sans quoi vous resterez un Parti francophone…

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