Un an plus tard, il est vital pour les Européens de continuer à mettre l’impérialisme russe en échec

Voici un an aujourd’hui, le 24 février 2022, la Russie attaquait l’Ukraine et ramenait la guerre sur le continent européen. Une agression inqualifiable qui, quelles que soient les contorsions que certains entreprennent, met bel et bien aux prises une démocratie attaquée face à un Etat autocratique dont le président n’a jamais fait le deuil d’un impérialisme semblant appartenir à un autre siècle.

Depuis le premier jour, je n’ai jamais changé d’avis sur cette guerre: il faut prendre le parti des Ukrainiens, résolument.

Le bilan est effroyable: 300.000 morts militaires, 40.000 civils dont des centaines d’enfants. Des crimes de guerre en masse.

Pour les Européens, cette attaque sonne comme un “réveil”, pour reprendre les mots du Soir de ce jour.

Un réveil face à une puissance voisine, impérialiste, face aux excès de laquelle nous n’avons pas réagi. Nous n’avons pas réagi suffisamment fort lorsque Poutine a attaqué la Georgie. Lorsqu’il a envahi la Crimée. Lorsqu’il a soutenu Bachar El-Assad dans ses massacres. Lorsqu’il a piraté les élections occidentales. Ou lorsqu’il a empoisonné ses opposants.

Le problème de l’impérialisme est qu’il ne s’arrête jamais de lui-même. Rien que pour cette raison, les Européens et les Occidentaux ne doivent pas faiblir dans leur soutien aux Ukrainiens: il est de notre intérêt, vital et sécuritaire, que Poutine perde, que sa course s’arrête, et que la Russie revienne à des relations diplomatiques normales avec ses voisins, au lieu de les terroriser. Cela ne peut passer que par une victoire de l’Ukraine.

Cette guerre sonne le réveil des Européens face à leur propre faiblesse, aussi.

Sur le plan militaire, nous comprenons que nous sommes au milieu d’un monde incertain, avec certains voisins imprévisibles, et que nous imaginer davantage en “grande Suisse” du monde, sûre, neutre et inattaquable, ne tient pas. Les Européens doivent investir dans leur défense commune et ne plus compter seulement sur le parapluie de l’OTAN. Est-on si sûrs, par exemple, que si Poutine s’était attaqué à un Etat balte alors que Trump était président, l’Alliance aurait joué son rôle ?

Sur le plan énergétique, les Européens ont douloureusement appris leur dépendance vis-à-vis du reste du monde. Ce n’est pas en soi la guerre en Ukraine qui a fait exploser les prix: c’est le fait que 40% du gaz européen provenait de Russie et que l’Europe, par confort et naïveté, a organisé sa propre dépendance sur pratiquement toutes les énergies disponibles pour financer son économie, son modèle social et son bien-être.

L’Europe doit d’urgence consacrer cette décennie à assurer son indépendance énergétique. Qu’on le veuille ou non, cela passera parce que nous avons appelé ailleurs le triangle d’or: un investissement massif en renouvelable, en économie d’énergie et en énergie nucléaire. Se débarrasser au plus vite du gaz, du pétrole et du charbon n’est plus seulement un impératif climatique, mais géostratégique. Cette convergence est à prendre comme une opportunité.

Cette guerre est donc bel et bien un événement historique qui rebattra durablement les cartes. A nous de rester du bon côté de l’histoire. Nous le savons: la limite que nous, Européens et Occidentaux ne franchirons pas est l’envoi d’hommes sur le terrain. Mais nous pouvons et devons assurer tout le reste: soutien logistique, envoi d’armes et de munitions, formations, et ce tout en privant le plus rapidement possible la Russie de ses leviers vis-à-vis de nous, sur l’énergie.

Cela sera long, et nos opinions publiques, légitimement, pourront parfois douter. Mais comme l’a rappelé Raphaël Glucksmann, l’Ukraine est ici la ligne de défense des Européens. Ils en paient un lourd tribut. Nous ne pouvons pas les lâcher. Non seulement pour eux, mais aussi pour nous.

Parce qu’il n’y aurait rien de plus sombre qu’une Europe qui accepterait à nouveau que l’impérialisme et la force brute l’emportent.



Catégories :Articles & humeurs, DéFI

4 réponses

  1. Non à l’impérialisme russe et il serait temps également de dire non à l’impérialisme des USA qui sous couvert de la défense des valeurs démocratiques met également en avant son propre agenda et qui combat pour ne pas perdre l’hégémonie. Il est en effet temps que l’Europe se réveille et mène sa propre politique.

  2. D’accord avec Vandenberg,il est temps que l’Europe arrête de demander à l’oncle Sam ce qu’elle peut faire.La grosse bêtise de la Belgique avec l’achat d’avions de chasse américains,alors que l’Europe en fabrique en est un bon exemple.

  3. discours polaire.. comme s’il y avait un ‘bon’ côté? Votre manque de nuances m’attriste

  4. Cette guerre réveille les Européens et surtout nos politiciens….dont les choix stratégiques menés depuis 40 ans font apparaître un manque totale de vision stratégique et de culture historique…..

    Espérons que cela contribue également à les inciter à se pencher sur l’extension de la Chine….qui sera le prochain sujet de discussion…..après l’Ukraine…!
    La question est de savoir s’ils sont compétents pour y réfléchir ….en dehors des petites querelles régionales et de villages..!

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