Notre ennemi n’a pas de visage. Il en a une multitude. Les visages d’une jeunesse fanatisée qui s’est inventé un ailleurs fait de force fantasmée, de virilité contrariée, de volonté de puissance exacerbée. Une jeunesse qui s’est convaincue qu’il valait mieux exister par sa propre destruction dans un monde binaire plutôt que de construire sa vie dans un monde devenu compliqué.
Notre ennemi nous a choisis.
Notre ennemi n’a pas de corps. Il n’est que chairs calcinées, explosées, bombes humaines fauchant d’autres existences. Il tente de trouver dans la mort une consistance qui lui échappe dans la vie.
Notre ennemi a convaincu des jeunes gens de se transformer en kamikazes et de mourir pour une cause. Il démontre un pouvoir redoutable : celui de pouvoir retourner des cerveaux adultes pour en faire de dociles éponges. Celui d’utiliser la liberté dont nous sommes si fiers pour faire de certains d’entre nous des soldats, de la chair à canon, des esclaves.
Notre ennemi a créé un fanion noir pour rassembler toutes les frustrations de ceux qui ne trouvent pas leur place dans un monde où chacun est sommé, pour le meilleur et pour le pire, de définir soi-même le sens à donner à sa liberté.
Notre ennemi est nihiliste ; son idéologie est destructrice par nature et par projet. Il ne s’arrêtera qu’avec son propre anéantissement.
Notre ennemi a choisi la mort comme religion et parvient à faire croire, en ce début de 21ème siècle, qu’un paradis attendrait celui qui tué son prochain – ce qui est une aberration à la fois pour tout athée et pour tout religieux digne de ce nom.
Notre ennemi pense, contrairement à Héraclite, qu’on peut bel et bien se baigner deux fois dans le même fleuve. Que la vie peut bel et bien ressembler à l’immobile littéralité de quelques sourates, sélectionnées selon son bon plaisir.
Notre ennemi est convaincu qu’il peut arrêter le temps et réécrire l’histoire. Il a inventé une version TNT du 1984 de George Orwell, en réduisant en gravas des chefs d’œuvre millénaires qui lui rappellent que chacun vient de quelque part.
Notre ennemi n’assume pas ses crimes. Il se prend pour le monstre du Dr Frankenstein lorsqu’il nous dit, tel un enfant gâté : « C’est de votre faute. C’est vous qui me faites faire cela. C’est vous qui m’avez créé ». Comme s’il était vraiment possible, dans le grand chaos des enchainements d’éléments, d’identifier chaque carrefour ayant mené à la route suivante. Comme si, quand bien même, la cause pouvait exonérer l’effet. Comme si le crime de masse pouvait trouver la moindre excuse. Comme si la victimisation n’était pas le masque de la lâcheté.
Notre ennemi déteste la culture, la fête, la nuance ou quoique ce soit qui puisse même de loin être soupçonné d’intelligence, de travail sur soi ou de décentrement. Il aime l’obscurité, le silence, l’immobilisme, le repli.
Notre ennemi veut nous imposer le choc des civilisations. Il veut nous diviser entre autochtones et étrangers, croyants et non croyants. Il pense que semer la haine et la méfiance est pour lui le meilleur moyen de prospérer.
Notre ennemi ne pense pas. Il prie ou bien il hurle.
Notre ennemi a décidé qu’il nous priverait d’insouciance de joie et de légèreté, rêvant d’étendre sa frustration existentielle à toute la planète.
Pourtant, notre ennemi est faible. Comme tout objet totalitaire, il est contraint de produire un mouvement fou, sans fin, en direction de ce qu’il croit être son expansion, pour détruire ce qui ne lui ressemble pas. Il ne veut pas voir que, par nature, il générera toujours autour de lui des volontés qui refuseront d’être gouvernés par la peur. Il refuse de voir que chaque pas accompli sur le chemin de ses moyens le rapproche de sa propre fin. Un crépuscule auquel il se prépare pourtant, inconsciemment, à offrir des airs d’apothéose.
C’est pour cela, en dépit des heures sombres, qu’il ne gagnera pas.
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Constat amer, certes. Il prend toutefois enfin de la hauteur après l’émotion, très justifiée mais passée en boucle, encore et encore, à tel point que le public s’en lasse et passe au foot, croyant ainsi épurer sa conscience. En forme de conclusion, votre dernière phrase nous sort, provisoirement peut-être, de la morbidité ambiante. A nous de faire ce qui doit être, au-delà de la passivité, prélude à la complicité. Merci Monsieur De Smet.
HABEMUS HOSTIBUS…enfin de retour, François ! merci pour ton « angle » de vision toujours original ! je mettais ce matin sur mon FB ce commentaire : « par solidarité aux événements de Paris qui nous rappellent que nous vivons dans un pays « libre » en contact permanents avec l’ignorance et les préjugés…Faire le bonheur autour de soi…voilà le vrai « chemin »…Et si chacun s’y met, alors nous réussirons ! 🙂
@ FDS : cela fait plaisir de te retrouver via ce média ..a+
FDS = fiche de données de sécurité…l’utilisation d’abréviations n’est pas pour simplifier l’information….d’abord, être certain que l’on s’adresse à la bonne personne, puis la contacter en privé plutôt que sur un blog d’échanges d’Idées… 🙂
Notre ennemi est toujours à l’intérieur de nous. C’est nous qui avons créé Daech. En nous coupant du Sacre, de notre sensibilité, en vouant un culte à la robotique, internet, les OGM, la PMA, la GPA en autorisant le mariage homosexuel (qui haïsent la femme). Daesch n’est que la projection de notre propre de notre propre monstruosité. Daesch est notre ami. Il nous fait comprendre que nous allons trop loin. Pédophilie, pornographie infantile, bébés GPA, décervelage de Facebook.
Euripide était connu pour sa sympathie sans égale envers toutes les victimes de la société, femmes incluses. Si Aristote critiquait déjà le caractère de Mélanippe, qu’il disait « manquer de convenance »… je dirais qu’ici, l’Histoire est un recommencement….
HABEMUS HOSTES si vous voulez le dire en latin. Ou plus modestement HABEO HOSTEM si vous parlez de vous. Personnellement, je n’aime pas que l’on parle à ma place.
Pour ma part, cet ennemis ne s’appelle pas DAECH ou tout autres
Ce n’est pas un état ! Ce ne sont pas que des brutes ! Ce sont des violeurs, des voleurs, des choses qui non rien d’humain n’y de bestial
Nous nous pouvons le décrire comme les assassins, (qui ont attaqué le temple de Salomon).
N’y comme les Barbares ! Non, cet ennemis est innommable dans ces assassinas barbares et ne mérite que ce qualificatif ! Les innommables !
Les gouvernements leurs donnent trop d’importances dans cette appellation de daech (avec un petit d),
Pour ma par, je regrette surtout que les médias et d’autres nous disent « ils sont Belges ou Français ou toutes autres nationalité ».
Non ces choses non pas le droit d’être qualifié d’autre chose que d’innommable et je me refuse à dire Belgo- Marocain ou Franco-Marocain.
Ils doivent êtres traité comme des apatrides n’ayant rien a faire avec aucunes civilisations n’y religions
Je suis Belge et fier de faire partie d’une civilisations Judéo- Chrétienne (comme beaucoup, pas très convaincu par la cure) et me refuse à reconnaître ces (presque) choses comme faisant partie d’une culture quel qu’elle soi, même musulmane car je devrais perdre l’amitié que j’ai pour certains de celle-ci
C’est pourquoi, je ne puis leurs donné un autre mot que INNOMMABLE !
J’ai dit
Les attentats de Daech sont toujours symboliques. Charlie Hebdo ou la perte du Sacré. Bataclan, la jeunesse bobo pro mariage homo, le stade de France (la culture de masse homosexuelle et bêtifiante), le vendredi 13 ou la fin des Templiers.
Si les 132 victimes – à ce jour – pouvaient répondre, elles vous diraient qu’elles ne sont pas mortes « symboliquement ». C’est de meurtre délibéré qu’il s’agit !
Si notre ennemi n’a pas de corps (et c’est là toute la difficulté de le tuer), les blessés, les morts ont bien été frappés dans leur corps.
Je lis ici davantage qu’un simple billet d’humeur : une analyse qui plonge dans la chair des vivants qui cherchent la mort. Comment leur parler, à eux ? Existe-t-il une approche rhétorique susceptible de les convaincre de revenir à la vie, d’exercer leur liberté pour avancer résolument dans un autre processus ? A quoi sont-ils sensibles ? suzanne
Merci !