Copenhague et les mains sales (8 décembre 2009)

Ainsi, il paraît que nous n’aurions plus que onze jours pour sauver le monde et l’empêcher de se transformer en four géant. Il semble qu’en effet, aujourd’hui, il faille être le dernier des ahuris pour nier le changement climatique, et le dernier des inciviques pour ne pas garnir son toit de panneaux photovoltaïques. 

A priori, toute la planète devrait en effet se rassembler car l’objectif commun est inhérent à la vie elle-même: la conservation de l’espèce. Si nous brûlons une maison dont nous ne pouvons  pas sortir, nous courrons droit à notre perte. Pourtant, les divisions ressurgissent dès qu’il s’agit des moyens. Il semble qu’on ne conçoive pas tous les mêmes extincteurs. Or la question est d’une complexité infinie, et le climat ne dépend pas que de rejet du CO2 mais d’éléments plus importants et plus durs à maîtriser ; par exemple la limitation de la démographie, l’accès plus égal à l’eau, etc. Tout comme on ne lutte pas contre l’insécurité en se contentant de placer des serrures, de la même manière les quotas ne sont-ils qu’une goutte d’eau de bonne conscience dans la mer écologique. Et là est le reproche que l’on pourrait oser adresser à Copenhague: tout se réduit à un combat sur l’effet de serre parce que seule une alternative claire, voire manichéenne, peut mobiliser les esprits. Or, réguler les choses par simples mesures d’interdiction de CO2 c’est porter le message sous-jacent selon lequel il existe une bonne et une mauvaise voie. Alors qu’en réalité, il n’y a que des choix avec chacun leur cohorte d’avantages et d’inconvénients. Deux exemples pour illustrer ce que je veux dire ; si demain on pouvait entièrement se passer du pétrole au profit de l’électricité (en ce compris pour les voitures), mais en devant alors construire de nouvelles centrales nucléaires, oserons-nous franchir le pas ? Si on réalise demain que pour nourrir la planète entière il faille en passer par une culture massive d’OGM, oserons-nous franchir le pas ?

Dans ces deux cas d’école, si on reste dans l’idéologie qui rejette le bébé de la modernité technique avec l’eau du bain de la pollution, on reste dans l’impasse. Sans doute ne peut-on avancer qu’en comparant avantages et inconforts de nos décisions. Mais en sommes-nous capables, quand on sait qu’il n’y a rien de tel qu’un bon vieux choix entre le bien et le mal pour mobiliser les foules et changer les comportements ? On ne sait pas encore s’il y aura de l’énergie réellement propre, mais on sait qu’on ne la produira pas sans se salir les mains. Certes, nous n’en sommes plus à un paradoxe près.



Catégories :Chroniques Radio

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