Billet radio pour la Première (RTBF), 23 avril 2013 – Ecoutez le podcast
Dans les heures qui suivirent l’attentat du marathon de Boston, les experts isolaient deux hypothèses : la menace islamiste et la menace interne. Ce sera finalement les deux, mon général. Deux frères d’origine tchétchène, arrivés aux Etats-Unis encore enfants et devenus depuis citoyens américains, sans histoire jusque-là, ont donc fait exploser deux cocottes-minute remplies de métaux pour tuer et mutiler. Bien sûr, on va rapidement pointer un évident radicalisme et chercher ce qui a bien pu leur pourrir le cerveau. Le côté « double personnalité » va légitimement intriguer : comment des jeunes gens manifestement intégrés, surtout s’agissant du cadet, ont pu se radicaliser aussi fortement, visiblement à peu près tout seuls ?
A bien y regarder, la double personnalité est une création postmoderne. Connaissez-vous la série Dexter, Arnaud ? Le héros en est un type apparemment normal, policier scientifique le jour, mais qui cache comme terrible secret qu’il est également tueur en série. Il n’y peut rien, il doit tuer, c’est comme ça. Comme c’est tout de même une série grand public, il a appris à canaliser ses pulsions pour ne s’attaquer qu’à des criminels passant aux travers des mailles de la justice – ce qui sauve la morale ; on évite ainsi le dérangeant syndrome d’Alex d’Orange Mécanique et la jouissance par la violence gratuite. Cynique mais non cruel, Dexter est simplement dépourvu de la moindre émotion. L’intrigue principale de la série consiste à observer comment le héros gère sa quasi-absence d’émotion par imitation des comportements des autres, et observer comment il jongle avec une double vie, composé d’une identité mondaine.
Ce côté « nous avons chacun un monstre en nous » est très à la mode. Dexter l’appelle son « dark passenger », les cinéphiles de notre génération l’appelleront « côté obscur », Jérôme Cahuzac et le sens commun l’appelleront simplement leur « part d’ombre ». Ajoutez-y la « banalité du mal » identifiée par Hannah Arendt pour expliquer comment l’inaction bureaucratique a participé pleinement au crime nazi, et vous obtiendrez ce cocktail idéologique contemporain invitant à gérer la monstruosité tapie en chacun de nous, et dont la fiction s’est emparée avec un appétit croissant. Son apparition est une conséquence post-moderne de l’affirmation de l’homme comme entité subjective disposant d’une conscience et de tréfonds. Modernité, individualisme juridique et psychanalyse sont apparus en même temps, et ce n’est pas par hasard. Dans un univers qui a éliminé la plupart de ses idéologies et de ses religions, et qui ne croit plus qu’en l’homme, cette dualisation intérieure nous permettrait de maintenir à distance le tueur qui est en nous en l’essentialisant. Parfois, cet attrait pour cette part de monstruosité en nous peut prendre des atours carrément morbides – et qui, eux, deviennent préoccupants. Si Dexter a encore une conscience, Hannibal Lecter ou le Joker de Batman n’en ont plus aucune. Ce sont pourtant ces personnages-là qui deviennent les véritables stars, ceux qui assument si bien leur passager funeste qu’ils lui laissent le pouvoir, qui nous fascinent le plus. Au point d’inspirer directement des tueurs de masse, tel James Holmes à Aurora en juillet 2012, hurlant « Je suis le Joker » avant de faire feu sur les spectateurs d’un cinéma. L’inquiétant Alex d’Orange Mécanique fait désormais figure de gentil boy-scout, face à la fiction comme face à la réalité.
D’un Joker à un Djohkar, quel rapport me direz-vous ? Le fait que, manifestement, ces deux frères se sont radicalisés de l’intérieur. Je veux dire : de l’intérieur d’eux-mêmes. Entre leurs miroirs et leurs écrans. A priori pas de « classe verte guérilla » en Syrie. Pas de stage d’extrémisme en Afghanistan. Et jusqu’ici, même pas d’indice sérieux qu’ils furent des musulmans particulièrement pratiquants. Des gamins ayant une vie normale. Et pourtant, au milieu des autres occupations des jeunes de leur âge, ils ont cultivé une cause. Ils ont décidé de laisser leur côté obscur aux commandes. Pire : ils y trouvent une valorisation. Ils y puisent une volonté de puissance, celle qui fait en effet le lit de l’animalité et de la barbarie dont l’homme s’émancipe par la civilisation et la culture : s’arroger le droit de tuer d’autres êtres humains.
Si Dexter ou Hannibal Lecter nous fascinent, si les tueurs en série véritables nous captivent, c’est parce qu’ils affirment leur volonté de puissance en imposant leur volonté aux autres, de la manière la plus ancestrale et terrifiante qui soit : prendre leur vie sans intérêt autre que de montrer qu’on peut le faire, mettre en péril le contrat social de base échangeant sécurité des individus contre monopole de la violence à l’Etat. Y greffer ensuite un corpus idéologique qui lui donne de la consistance n’est qu’un moyen de passer à l’acte : qu’il s’agisse d’islamisme, d’extrême droite ou d’extrême gauche voire de revendication axées sur des personnages de fiction, le mécanisme est le même : se perdre dans un univers qui permet de puiser une légitimité d’être celui qui tue, qui impose avec fierté sa part d’ombre aux autres et y trouve une valorisation et une reconnaissance qu’ils n’ont hélas pas pu trouver ailleurs. La question de l’idéologie est alors secondaire, car tout système de pensée cohérent et pouvant être vu comme système peut convenir. Les prédateurs psychologiquement les plus faibles puiseront ainsi dans ces religions ou idéologies une motivation pour franchir le Rubicon de leur conscience vers la volonté de puissance, vers la noirceur sulfureuse adulée. Des solitaires ont tué au nom de religions, mais aussi au nom de groupes d’extrême gauche ou d’extrême droite. La pathologie est première, l’idéologie seconde. La première est la fin, la seconde le moyen.
Voilà ce qu’on pourrait appeler la Dextérisation des esprits : se convaincre qu’on a une identité secrète et barbare, puissante, capable du pire comme d’une revanche sur une société froide, matérialiste, qui ne vous donne pas votre chance. Se créer un ennemi intérieur et sublimer sa part d’ombre jusqu’à la magnifier et lui donner un sens. Ce duel intérieur, si porteur dans les fictions, correspond-il à une réalité psychologique ou s’agit-il d’une fuite déresponsabilisante des individus face à leurs actes ? Ce qui sûr c’est qu’il existe pour ceux qui ont décidé de le faire exister et qui y puisent une manière de se justifier. Ce dualisme qui nous fascine est peut-être, par la grâce des nouvelles technologies, en train de se retourner contre nous par un univers virtuel qui nous permet de l’alimenter plus que jamais, et de nous en détacher comme jamais auparavant. Je me crée un personnage horrible mais fier, qui se valorise via une cause de combat contre le reste du monde et la possibilité de se sentir exister en faisant du mal à ce monde. Cette envie de laisser le côté obscur, je peux la valoriser grâce à toutes les fictions qui ont font la nouvelle star, je l’alimente sur le web, je tourne en vase clos avec mon frère et me convainc qu’une cause, n’importe laquelle, vaut le coup de tuer. Car tuer est une manière de s’affirmer, d’avoir un poids sur un monde.
Quelle que soit leur prétendue cause, tous ces individus souffrent d’une même pathologie criminelle : laisser le pouvoir à leur volonté de puissance. Le corpus idéologique est un prétexte que la pensée se donne à elle-même. Cela permet d’invoquer les circonstances au lieu d’assumer l’unité de la pensée, et donc in fine sa responsabilité. Himmler prodiguait ce conseil aux S.S. qui avaient du mal à « prendre du champ » dans leurs actes d’extermination des Juifs : il les encourageait à intérioriser le rejet éthique, de ne plus se dire « j’ai commis des choses atroces », mais bien « les circonstances, l’histoire me forcent à commettre des choses atroces ». Se créer un « autre » c’est comme invoquer les circonstances : c’est refuser d’être soi-même, de s’assumer comme unité éthique. C’est la forme la plus commune de lâcheté de notre époque. Et la plus méprisable.
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Cela pourrait s’expliquer ainsi, mais je crois que nos sociétés sont un peu responsables … à force de ne penser qu’ économie, elles font l’économie de nos jeunes en quête d’idéaux ….
Voir min blog le rêve américain http://crayons.eklablog.comme
[…] Individualisme hypertrophié
Selon un ethnographe russe d’origine caucasienne, qui prend lui aussi la précaution de l’anonymat, l’individualisme hypertrophié des montagnards tchétchènes, renforcé par leur orgueil tout aussi démesuré et leur fidélité aveugle aux coutumes médiévales, les rendaient et les rendent, en effet, a priori inaptes à s’assimiler en Russie et à plus forte raison aux Etats-Unis. Les frères Tsarnaev, malgré les apparences, n’ont jamais pu s’adapter à la société américaine dont la complexité parfois sophistiquée leur donnait l’impression d’être des ratés, estime-t-il.
C’est sans doute pour cette raison, nous dit l’expert, que l’aîné, Tamerlan, s’est cramponné à l’islam, suivant en l’occurrence non une ferveur religieuse, mais un désir de se faire remarquer. […]
Dans La Libre Belgique
http://www.lalibre.be/actu/international/article/811469/le-poids-de-la-mentalite-traditionnelle-tchetchene.html
Excellente analyse.Exacte.
A mettre en corrélation avec l’agressivité et volonté de domination très présente dans les rapports quotidiens (famille je-domine-j’ai-raison-j’ai-le-dernier-mot, supermarchés-je-te-roule-dessus-j’occupe-l’espace-je-m’impose-je-te-rentre-dedans-je-passe-devant-au-dessus-de-toi, je-t’ignore-et-je-te-le-fais-savoir, la-rue-je-te-méprise-je-te-roule-dessus-à-vélo-ou en auto, je-te-domine-et-t’élimine-je-suis-le-plus-fort, je-te-dépasse-pour-te-dépasser-et-pas-parce-que-je-suis-pressé-du-tout-je-domine-na, bureau, etc…,etc…)en Belgique(rudesse, grossièreté, et autres marques de décivilisation très patentes…) à t o u s les niveaux.
A mettre en corrélation (voir les forums d’absolument TOUS les médias belges où le racisme, la pulsion binaire et reptilienne qui s’auto-excuse dans son envie d’écraser l’autre pour se s e n t i r vivant, tuer-pour-vivre et l’illettrisme sont beaucoup plus présents que dans n’importe quel autre média étranger (le niveau culturel et la sophistication mentale du belge sont inexistants de par la volonté même des pouvoirs qui font tout – rien – pour que le belge ne soit qu’un automate privé de moi.. un conformiste violent qui se nie lui-même en permanence et a donc des pulsions de mort et de domination.. sans compter un mode très malsain de relation…)aussi avec l’indigence éducationnelle VOULUE PAR l’OLIGARCHIE BELGE et mondiale.
Car le système montre à présent sans vergogne qu’il a bien choisi de fabriquer des pulsifs.
En effet, il ne se cache plus d’avoir choisi un régime autoritaire plutôt qu’un régime démocratique.
Pour ce, il lui faut d’abord fabriquer des « illettrés arrogants » ( l’un ne va pas sans l’autre, un type n o r m a l n’est pas arrogant et ne souhaite pas dominer, un type malsain et donc pulsif souhaite exclure, dominer, écraser.. pathologie encouragée par tout le système et visible.
N’oublions pas que le belge est le peuple le plus commercialisé et conformiste d’Europe (les voyages non-touristiques partout sur la planète, le contact diversifié avec les humains, vous apprennent énormément sur la mentalité du belge, cet aliéné du conservatisme conformiste, en soi une violence très aigüe auquel il se soumet depuis des décennies.. )
Ce pays n’ayant pas été dénazifié par la VOLONTE de SON oligarchie qui a vu d’un très bon oeil le nazisme (ceci n’est évidemment ni publié, ni enseigné, ni officiellement dit et reconnu, si ce n’est en le chuchotant brièvement, tel un système pervers à l’extrême.. faisant reposer tout ce pays sur la négation.. et produisant des êtres malsains à profusion car partant de base f a u s s e et malsaine).
L’oligarchie qui gouverne ici et ailleurs a décidé que le temps est venu pour elle (elle a réussi avec détermination, cohérence et prédation sur tout et tous à enfin dominer et maîtriser tout) de ne plus se gêner car elle a opté (de même les politiques transformés en lobbyistes de l’oligarchie elle-même) à instaurer un régime totalitaire.
Tout le dit et le montre : son « travail » des masses(via télé, écoles, consommation) est à ce titre une magistrale leçon et une époustouflante réussite visible à l’oeil nu en Belgique de la soumission décérébrée à 90%. (médias, télé, rue, enseignement de bas de gamme, chute des classes, vulgarité promue, femme doublement ou triplement objet (voir les chaines de télé belges revient à faire un retour de 100ans en arrière ou pire),bétise, inculture, vide et illettrisme, en promotion et valorisation, instinct grégaire, etc.. a v e c le consentement des politiques à tous les niveaux.. créant un larbinariat, mode de réaction à la « zola »)
Sachant que le conformisme repose sur la négation de soi, il aboutit au but recherché : la négation de l’autre.
Il s’agit en effet d’une maladie mentale et psychologique promue délibérément comme ‘modèle ». L’aliénation aux objets et la perversité sont omniprésents et très visibles partout (sortir en rue, métro et o b s e r v e r : rarement vous voyez des individus, car les belges ou autres intégrés ne sont p a s INDIVIDUES encore, et une masse gigantesque de clones robots aliénés aux objets. La femme étant déjà réifiée structurellement, elle y est doublement-triplement.
La norme en Belgique est d’être anormal, para normal, para logique et déconnecté de soi-même. L’infection est devenue norme. Les belges ne sont p a s individués.
Le conformisme majeur dont ils souffrent (car ne fonctionner que par automatisme conservateur est bien une pathologie de la faiblesse et de la négation de soi-même) les a rendu totalement para-normaux. NON individués.
Il est à craindre que le message oligarchique soit de plus en plus clair : laboratoire de la future Europe des marchands transnationaux puissants et dominateurs, peuple décérébré et anormal psychologiquement, permettant l’instauration d’autoritarisme insidieux et puis, de plus en plus visible aujourd’hui où l’on ne se cache plus…tout en l’installant définitivement.
La consommation est affaire de pulsion. Pour ce, il n’est pas question d’être individué.
Le malaise est beaucoup plus profond ici et déjà manifestement enkysté. Cela ne date pas d’hier en plus. Entre ochlocratie, oligarchie et ploutocratie, le belges se sont « belgifiés » (se nier soi-même). Pire, ils sont arrivés à se débrancher eux-mêmes de toute normalité personnelle et santé mentale. Ils exécutent des injonctions insidieuses sans même plus s’en rendre compte (signe de pathologie).
La criminalité (violence morale, psychologique, enfant-objet, tous est réifié) est ordinaire et quotidienne chez les belges (les familles sont particulièrement aliénatrices, n’aiment p a s les enfants mais les utilisent parce que cela se fait de montrer sa puissance reproductrice et sa possession et expriment une volonté de puissance à l’intérieur d’un système de domination). Leur égocentrisme forcené est connu dans toute l’Europe. Eux, les belges, ils trouvent cela bien d’être malsain et déconnecté de toute raison ou véritable affectivité.
La perturbation affective en Belgique se transmet depuis des générations aussi.Rares sont les belges qui ont été aimés. A qui l’on a transmis cette capacité. Niés, faibles et conformistes violents ainsi qu’égocentrés pathologiques forment la majorité.
La « communication » est très barbare en Belgique. TRES. Il n’est pas étonnant que ces faibles et aliénés, dépourvus de Morale (ne pas confondre avec moralisme..égocentré) soient réellement pervers dans tous leurs actes et il est devenu impossible de communiquer n o r m a l e m e n t (concorde et non discorde) avec des êtres tout entiers formatés par des générations de décervelage (via éducation, famille, système puissant de domination, conformisme et lâcheté).La volonté de domination est très visible chez le belge lambda. TRES.
Ici : laboratoire de l’oligarchie. Point barre.